Après huit année de cours classique, les élèves finissants du Collège Saint-Viateur (aujourd’hui l’École Secondaire Paul Gérin-Lajoie à Montréal) se devaient de quitter sur une note bruyante et décident de publier leur album de finissant Nous… en format longue durée! Sous la tutelle des grands malins génies Louis P. Beaudin et Jean-François Buffoni, étudiants instigateurs du projet, un bien-cuît à l’attention tant du corps professoral que des étudiants est enregistré. Pour financer leur entreprise, on opte pour la vente de publicités à l’intérieur de la pochette; Impérial Tobacco fait d’ailleurs belle figure avec sa pleine page noire. Déjà constituée de plusieurs pages de textes aussi surréalistes que sérieux à propos des instituteurs, les témoignages de commandites ornent bientôt la presque totalité du livret de 17 pages. Si ce n’était que de ce bien-cuît, le disque ne retiendrait pas votre attention bien longtemps. Certes, ces deux longs témoignages truffés d’anecdotes personnelles sont d’un intérêt psychotronique: par ses gags bien propres, le ton de la jeunesse de 1969 semblait en effet bien chaste au Collège… C’est en apercevant la mention «Orchestre: Les Lost» à l’intérieur de la pochette que j’ai décidé de dépenser mon dollar. Un groupe aussi mystérieux ne pouvait qu’annoncer de grandes choses, me disais-je.
On recrute Les Lost afin d’accompagner les étudiants responsables des monologues sur deux pistes, deux étonnantes reprises insérées au début et à la fin de l’album. Quelques mois à peine après la publication des titres originaux, Les Lost adaptent ainsi deux récentes compositions de Robert Charlebois, soit Engagement et La Fin du monde (tirées respectivement de Charlebois/Forestier [1968] et Québec Love [1969]). L’introduction d’Engagement laisse déjà entrevoir la libre-interprétation du texte (Et se mirant dans le grabuge de mon collège…tout brillant.) qui cède rapidement à l’improvisation. Hey! Hey! 6 minutes de freak-out purgent aussitôt toutes ces années de cours classiques (Vous trouvez pas ça long 8 ans? Prends des notes!). L’enregistrement, live & délicieusement amateur, ajoute au groove violent qu’alimente tant bien que mal Les Lost. On interpèle tous les copains présents, on s’égosille à en perdre la voix, bref on se lâche lousse dans un vacarme réconfortant.
La fin du monde, plus aérienne, s’élabore similairement à l’originale en béatifiant divers personnages (Bien heureux tous ceux qu’on a oublié car ils seront les derniers à nous quitter) autour d’airs prophétiques (Le premier roi sonna de la trompette et le tiers du collège fut incendié) et demeurant gracieux jusqu’à ce que les élèves se mettent à hurler. Je vous l’accorde, la production n’est pas ce qui se faisait de mieux à l’époque; malgré tout, l’énergie et la fougue de ces étudiants est contagieuse!
Vous en connaissez beaucoup des artistes qui revisitaient le catalogue psychédélique de Charlebois dans les années 60?
Dans un article du 26 août 2016 de sa pertinente série Salut… Bye!, le journaliste Jean-Christophe Laurence de La Presse revient sur le parcours musical du bassiste Mario Légaré, bien connu pour son rôle au sein d’Octobre et auprès d’une foule de musiciens depuis 40 ans. Surprise: Légaré semble faire un lien avec la mystérieuse formation découverte sur l’album «Nous» ! Il précise: Octobre, ça date de 1972, mais on peut dire que ça a commencé après l’Expo, en 1968, dans ces eaux-là. Dans notre premier groupe, The Lost, il y avait déjà Jean Dorais à la guitare et moi à la basse. Après ça, on a eu un band de reprises qui s’appelait Gladstone. Le cousin de Jean, Pierre Flynn, s’est [alors] joint à nous. Ben ça alors! On aimerait bien en apprendre davantage sur votre première formation M. Légaré, écrivez-nous!
Dans l’espoir qu’un finissant de la classe de 1969 google son nom et échoue ici par hasard, voici la liste intégrale des collaborateurs cités dans le livret. Après enquête, nous savons déjà qu’un certain Louis P. Beaudin serait maintenant un designer de mode privilégiant les motifs bovins et que l’autre self-proclamé grand malin génie , Jean-François Buffoni, a obtenu sa licence en droit de l’Université de Montréal trois ans après ce disque, passé son bareau en 1974 pour être finalement nommé juge à la Cour Supérieure du Québec en 2002.
Les grands malins génies: Louis P. Beaudin & Jean-François Buffoni Orchestre: Les Lost Monologues: Michel Belliveau, Louis Beaudin, Pierre Gagnon, Michel Bigué, André LeBlanc, Jean Piché, Jean-François Buffoni Techniciens de l’enregistrement: Martin Joyal, Jacques Lavigne Photos: Michel Beaupré, Michel Belliveau, Michel Bigué Dessins & Gravures: François Chicoyne, Paul Desjardins (“Podo”), François Provost, Louis Beaudin, Jean-François Buffoni Collaboration Spéciale: Yves Bissons, Hélène Villeneuve, Céline Paré, Marc Clairoux, Roger Gaudet, Andrée Noël, Francine Goulet, Yves Larivée, André LeBlanc, Gisèle Noël Aide Financière: Jacques Taschereau, L.A. LeBlanc, Pierre Michel, Charles-A. Boileau, Jacques B. Langevin, Roger De Serres.
Vous avez participé à la conception de l’album Nous ? Vous étiez membre du groupe Les Lost? Vous aviez défrayé une publicité dans la pochette et attendez toujours votre reçu d’impôt? Écrivez-nous et partagez vos souvenirs de cet enregistrement. Vous êtes mûres pour votre conventum!
Obscure private pressing from the 1969 graduates at Collège Saint-Viateur, a former catholic school in Montreal. Features two rare and way out renditions of classic Charlebois tunes, Engagement and La fin du monde (The end of the world) by mysterious local band The Lost. The band featured future Octobre bassist Mario Légaré. Dig?
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