Emilhenco Pop – Du hard rock pour les Jeux Olympiques de 1976 à Montréal.

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Il y a exactement 40 ans, en 1976, Montréal ouvrait de nouveau ses portes au monde entier en organisant les Jeux des 21e Olympiades modernes. Sur le plan musical, plusieurs artistes se sentirent interpelés et tentèrent leur chance en composant un hymne aussi épique que le plus récent rêve urbaniste du maire Drapeau. Pour un temps, la chance souriait au jeune prodige René Simard. Son simple Bienvenue à Montréal, co-écrit avec Vic Vogel et Claude Lacombe, reçu une promotion exemplaire de son gérant, Guy Cloutier. La plupart des stations radiophoniques boycottèrent néanmoins ce sous-produit de la pop, le jugeant trop naïf. Leur objection encouraga le comité olympique à rapidement corriger le tir en proposant un nouveau concours pour dénicher l’hymne des hymnes. Le jury serait alors présidé par nul autre que Stéphane Venne, celui-là même qui avait composé le célèbre Un jour, un jour pour l’Expo 67. Au final, seule la chanson Je t’aime interprétée par Estelle Ste-Croix serait officiellement retenue. Bons joueurs, tous les autres concurants – François Dompierre, Charles Linton, Germain Gauthier, Pierre & Yannic Létourneau pour ne nommer que ceux-ci- seraient néanmoins inclus sur l’album 10 chansons finalistes du concours de la chanson d’adieu. Parallèlement, on publiait l’ultime coffret encapsulant l’ambiance musicale des jeux de Montréal intitulé Musique des cérémonies officielles. Avis aux complétistes, quelques perles cuivrées se terrent au travers des ballets et cantates proposées.

 

Emilhenco
Emilhenco

En marge des podiums et des palmarès, l’artiste français Emilhenco proposera aussi d’orchestrer le rythme effreiné des compétitions par le simple le plus explosif publié à l’occasion des jeux. Que pouvait bien faire ce twisteur méconnu de la première époque dans la Belle Province? En 1976, il avait déjà publié une douzaine de simples et EP, tous pour la plupart bien rangés et innofensifs. Rien ne pouvait donc préparer l’audiophile averti à cette exclusivité québécoise publiée sur l’étiquette Magali. Les deux compositions sont attribuées à Emilhenco Pop et son signées J. Raiteux et Emilhenco. Comme il s’agit de deux pièces instrumentales, j’étais tenté de croire qu’il s’agissait des musiciens attitrés de l’artiste. Est-ce que la carrière du chanteur avait pris un similaire tournant funky au cours des années 70? Pas vraiment. Jouait-il avec eux? Je ne saurais le dire. Le nom de son collègue nous donnait par contre une piste fort pertinente…

J. Raiteux est un artiste prisé par les amateurs de library music, ce créneau musical réservé à l’origine exclusivement aux télédiffuseurs et publicistes de tout acabit. Il s’agissait le plus souvent de bandes sonores fictives ou de musique incidentielle pouvant être utilisées en trame de fond dans des reportages, en guise d’ambiance sonore dans les publicités… bref, de la musique d’ameublement comme disait Erik Satie. Ces albums n’étaient pas disponibles pour la vente aurprès du public et leur découverte depuis quelques décennies a mis à jour une tendance méconnue et pourtant si répandue, au bonheur des ciné-audiophiles et autres DJs en quête d’échantillonages inédits. Sous son véribale nom, Jean-Bernard Raiteux a participé à plusieurs de ces enregistrements en France, mais son magnum opus demeure ce premier album qu’il signe pour son groupe, Harlem Pop Trotters. Emilhenco + Harlem Pop Trotters = Emilhenco Pop! Oh! On tient peut-être quelque chose… À la fois funky, psychédélique et jazzé, cet amalgamme de 1972 inititulé « Musique pour l’image No 39 » offrait, comme son titre l’indique, des oeuvres spécialement conçues et enregistrées pour l’illustration sonore d’émissions télévisuelles, radiophoniques ou cinématographiques. On retrouvait déjà sur No 39 quelques indicatifs instrumentaux titrés de références sportives comme Rage de ski, Judo K, Galop pour un 100 mètres ou Voile en la mineur.

La comparaison ne s’arrête pas là puisque le simple du Emilhenco Pop émet la même singulière vibration que les pièces les plus inspirées du premier album des Harlem Pop Trotters. On est en terrain connu et à notre grand bonheur, le groupe est toujours tissé aussi serré! Un titre clairvoyant, Québec 2000, s’impose dès les premières notes fuzzées de son guitariste avant qu’il n’enflamme la stratosphère par un solo aux dimensions épiques! Plus haut, plus loin, plus FORT! Imaginez un montage vidéo au super-ralenti d’athlètes de tous sports se défonçant comme jamais avec cette bande sonore pour les cadencer. Des visages qui se tordent, des muscles qui se contractent… Pas de doute, ces musiciens avaient une approche cinématographique sur disque et carburaient probablement à même la flamme olympique!

emilhencopop_faceB2En face B, Olympiques 76 fait appel à quelques cuivres et ralenti le rythme pour un temps avant de céder la place à un groove tenace pimenté d’un charmant solo de flute picollo. Un jive pour la victoire, en quelque sorte! Drôlement efficace comme bande sonore, … mais une question demeure: fut-elle utilisée dans un reportage ou un documentaire à l’occasion des Jeux Olympiques de Montréal? Est-ce que ces deux titres étaient ultimement destinés aux retransmissions de la délégation française? Allez savoir… On sait qu’à l’époque, l’étiquette Magali miserait de nouveau sur la fièvre sportive en publiant quelques jours plus tard un simple thématique pour Serge Laprade, Vive les jeux olympiques (MAG 7060). Peut-être cherchait-on à se spécialiser?

Si vous avez des informations quant aux escapades québécoises de Jean-Bernard Raiteux et Emilhenco et leurs autres collaborations ou avez identifié les thèmes de leur 45 tours dans un documentaire de l’époque, contactez-nous! Savourez entre temps ces deux exclusivités, inédites et non-compilées -ça viendra!- depuis leur publication originale. Bonne écoute!

Rare Quebec-only 1976 single by Emilhenco Pop, an obscure collaboration between Jean-Bernard Raiteux’s Harlem Pop Trotters and french singer Emilhenco. Released during the Montreal Olympics, it could have been used as a soundtrack for a documentary or some random shots of the games. Who knows? It’s aggod and as funky and as heavy as the songs on Harlem Pop Trotters first album. To the best of my knowledge, these have never been comped or sampled. If you have informations about these obscure «librairy music» recordings, please email us about it. Enjoy!

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