Oubliez les poussins, le chocolat, les lapins et toute la panoplie fructosée qui accompagne de nos jours la Pâques chrétienne! Mondo P.Q. a mieux pour vos oreilles et vous propose aujourd’hui d’effectuer un survol de la pop religieuse québécoise. Ambitieuse, avant-gardiste et spirituelle, cette tendance de la pop-rock souvent réduite aux seules messes à gogo avait de quoi plaire en actualisant ainsi les évangiles. Entre 1965 et 1975, alors que le clergé souhaitait en finir avec les «bondieuseries», les plus jeunes eux souhaitaient investir les lieux même du culte au nom du rock n’ roll. Plusieurs métissages découlèrent de cette double fascination et c’est avec plaisir que en explorerons les multiples facettes aujourd’hui. Peuple québécois, prions! Bonne écoute.
1-Charlotte & Hervé – Peuple Québécois, prions! (Pax; 1973)
2-Thème – Michel Conte – Prologue (Polydor; 1969)
Introduction de l’album « Aimons-nous les uns les autres ».
3-Des gens comme vous et moi – Peu importe (RM; 1972)
Projet du GAP (Groupe d’Animation Pastorale) parallèle à Agapè et aux productions des Studios RM de Cap-de-la-Madeleine, près de Trois-Rivières. Composition des frères André & Alain Dumont; Alain fut aussi guitariste pour le groupe psychédélique de Québec, La 5e Dimension! Sur ce rare album, plusieurs compositions sortent du lot par leur fougue et leur inventivité. René Dupéré, plus tard signataire de plusieurs bandes originales pour le Cirque du Soleil, signe une composition et dirige l’orchestre au piano. Poursuivez votre écoute en lisant cet article consacré à cet album.
4- Yvon Hubert – On the way to the mountain (Teleketics; 1972)
En plus de composer et chanter sur 4 albums solos produits avec François Dompierre, de partager la scène avec Offenbach (Saint-Chrone-de-Néant), Hubert a aussi enregistré deux rares albums en anglais pour le compte de l’étiquette californienne Teleketics. Des producteurs de Teleketics en visite à Montréal le remarquent alors qu’il se produit avec son spectacle Spirisphère suite au succès de son bref -mais catalyseur- passage à la barre de l’émission Le jour du Seigneur sur les ondes de Radio-Canada (1969-1970). S’étant retiré de la scène ainsi que de la pratique religieuse, Hubert oeuvre depuis 1977 pour les éditions Chant de mon pays à Mont-Saint-Hilaire, spécialisées dans la distribution de partitions musicales.
5- Super 13 – To love is to live (Eden; 197?)
Mystérieuse commune hippie/spirituelle de Montréal qui ne publia que cet unique album. Un pressage privé sur leur propre étiquette Eden, probablement publié entre 1970 et 1974.
6- Les Soeurs Richard – Dieu parmi les hommes (Inter-Media; 1975)
Extrait de l’album Avec toi j’ai retrouvé la joie. Groupe de Cocagne (Nouveau Brunswick) qui reposait sur les voix des soeurs Claudette, Gloria & Anne-Marie Richard. Une composition par Jo Akepsimas, figure marquante de la pop religieuse française qui participa à quelques ateliers musicaux (Opération Soleil par exemple), notamment dans les Maritimes.
7- Jean-Guy Morin – La création (JGM; 197?)
Jean-Guy Morin est toujours prêtre dans la communauté des Oblats de Marie Immaculée. Il publie environ 5 albums et quelques simples sur sa propre étiquette JGM et mise sur ses propres compositions. Sur son second album, son groupe prend les devants sur une rare improvisation jazz au rythme effreiné. Aujourd’hui, cet album demeure très convoité des DJs en raison des échantillonnages qu’on peut y faire. Le savais-tu, Jean-Guy?
8- Steve Fiset – Rappelle-toi Seigneur (Jupiter; 1969)
Un extrait de son premier album solo, intitulé Steve. Sous les cris d’une guitare écorchée vive, cet étonnant simple révèle un Fiset dans les sillons de Lautrec, moins mielleux et tout aussi soul.
9- Agapè – Le troisième seuil (Agapè; 1971)
En plus d’être une rareté absolue au catalogue des disques québécois, Agapè s’illustre par sa singulière production avant-gardiste. Mystique, l’album met en musique le parcours conceptuel d’un pèlerin à travers trois seuils d’éveil spirituel. Par des métissages originaux et parfois délicieusement maladroits, on touche à la fois au protest-folk, à des monologues ésotériques et des marches pop-psychédéliques aux atmosphères gothiques pimentées ça et là d’effets sonores modulés. Le multi-instrumentaliste René Dupéré, le chansonnier Marc Lebel et l’influent chanteur chrétien André Dumont sont quelques-uns des nombreux artistes impliqués, tous en orbite du Groupe d’Animation Pastorale (GAP). Suivant une récente entrevue avec Marc Lebel, une mise à jour de l’article publié précédemment sur Patrimoine PQ est à prévoir au printemps 2012. À suivre…
10- Michel Conte – Je reviendrai parler d’amour (Polydor; 1969)
En 1969, un Conte en kaftan entreprit une tournée controversée de spectacles à même les églises du Québec avec sous le bras son album le plus ambitieux. Plusieurs facettes du Nouveau Testament sont alors actualisées sous la production d’un Stéphane Venne way-out proposant une pop-rock liturgique raffinée, par moments épique. Découvrez son album «Aimons-nous les uns les autres» en visitant le blogue Patrimoine PQ.
11- Charlotte & Hervé – Pogne pas lé narfs (Pax, 1973)
Duo fantaisiste formé de Chalotte Lapointe et Hervé Doucet (ex-Frères Flamingo) qui publia au tournant des années 70 l’album «Peuple québécois prions!», truffé de prières cocasses et de rock défroquant!
12- Le Père Tremblay & les Nouveaux Alléluias – Psaume 150 (Excellent; 1966)
Le Père Bernard Tremblay fut d’abord soloiste pour Les Alléluias, un imposant groupe de 13 séminaristes en soutanes de Aylmer-Est. Suite à la dissolution du groupe, il déménage à Moncton où il fait la rencontre de jeunes étudiants. Ils ont un groupe: Les Saxons. Il les recrute sous le nom des Nouveaux Alléluias, donne plusieurs concerts, effectue une tournée des Iles-de-la-Madeleine et du Québec et enregistre un unique album en 1966. À la suggestion de Tremblay, Les Saxons s’inscrivent et remportent le concours «28 Jours» de Jeunesse Oblige (cat. Groupes) en mars 1967. Bernard Tremblay défroque au même moment. Il chante toujours, sporadiquement… et c’est un maudit bon y’ab.
13- Les Messagères de Joie – Ma petite espérance (Sélect; 1966)
Sans pour autant défroquer, ce rock n’ roll optimiste a de quoi faire trémousser le voile de Soeur Wilfrid-Marie (Nanette Bilodeau) & Soeur Jean-Louis (Marie Dubord), un duo qui a vu le jour en 1961 à la Congrégation des Soeurs Grises de la Croix de Subury en Ontario. Paul de Margerie assure les arrangements de leur second album où cette mignonette rock n’ roll fut puisée: de loin le titre le plus risqué de leur bref catalogue.
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