Lorsqu’on repense aux centaines d’albums et 45 tours que nous avons diffusé depuis 2011, on isole souvent quelques artistes aux talents multiples et au flair singulier en reconnaissant leur signature avec plaisir sur une foule de productions. Tony Roman était cette trampe! Né Antoine D’Ambrosio, ce montréalais à la fougue italienne a rapidement gravi les échellons, passant de jeune et ambitieux chanteur à un incontournable producteur québécois. Toujours à la page, durant les années 60-70, il cumulerait les étiquettes (Canusa, A1, Révolution, R&B, Visa, Montreco, Plastic Poison), lancerait bon nombre de chanteuses (Mari-Lou Gauthier, Nanette Workman, Madeleine Chatrand) et toucherait à tous les genres.
En voulant aborder l’oeuvre tentaculaire du producteur dans cette «première partie», on ne pouvait trouver plus éloquent témoignage que celui de Jean-Christophe Laurence. Journaliste à La Presse et biographe officiel de Roman, il a documenté son oeuvre depuis la fin des années 90 en plus de superviser ou contribuer depuis à la réédition de quelques-uns de «ses» albums les plus recherchés (Malédictus Sounds; Ouba). Y connait son Roman.
On en profite d’ailleurs pour lancer un appel aux artistes ayant oeuvré de près avec Tony Roman. Vous avez fait partie des Dauphins? Vous étiez présent lors des séances d’enregistrement chez Montreco? Peut-être étiez-vous proche du défunt Jean-Guy Millot, fidèle comparse du producteur? Des anecdotes de studio, des histoires de fan club? Écrivez-nous ou laissez un commentaire au bas de cet article.
Cette prochaine heure riche en primeurs est le fruit de plusieurs collaborations et nous tenons à remercier Anne Bujnovski, Martin Lamontagne, le Musée du Rock’n’Roll du Québec et notre invité. On remettra ça! Bonne écoute!
Tony Roman – Bare with me (DÉMO; juillet 1972)
Ce démo ultimement publié sous le titre «Rain train Crescent Street» à l’été 1972 sur l’étiquette montréalaise Kot’Ai offrait une mélodie survitaminée où Roman s’éclate au piano et s’égosille efficacement au micro! De nombreuses versions furent travaillées et enregistrées avant d’en arriver à un résultat définitif. La pièce serait même réutilisée pour l’album concept Bionic (Pacha; 1977) sous le titre Naissance. Visiblement, Roman tenait beaucoup à cette composition!
Tony Roman & les Dauphins – Do Wha Diddy (Jupiter; 1964)
Son 4e simple, son premier avec son nouveau groupe et son plus gros tube : 150 000 copies vendues! Cette reprise du tube de Manfred Mann confirme instantanément le nom de Roman parmi les jeunes nouveaux talents incontournables au Québec. Le documentaire de 1966 de Claude Fournier, On sait où entrer Tony mais c’est les notes… capture Roman en pleine yéyé-mania, sur scène ou en séance d’enregistrement avec les Soeurs Gallants.
Donald Lautrec – Dis bonjour à tous les copains (Jupiter; 1965)
Composition du tandem Lautrec & Roman, face B de Tu dis des bêtises (The birds & the bees ). Ce titre est extrait du 4e album du chanteur, Manon viens danser le ska , aussi publié en 45/EP en France sur Fontana durant la brève tournée promotionnelle de Lautrec en 1965.
The Tony Roman 4 – I can’t do a thing (acétate inédite; 1965)
Avant le TR5, il y eut… le Tony Roman 4! Première mouture du groupe newyorkais recruté par Roman. Cette acétate inédite fut retracée dans les archives personnelles du chanteur en 2013, sans crédits de composition. Serait-ce une reprise? Écrivez-nous si vous reconnaissez cet air.
Nanette – He knows how (Canusa; décembre 1967)
Suave! Adaptation de She knows how du groupe The Box Tops avec des arrangements de Jacques Crevier. Extrait de son second album de 1967 pour Canusa, Je me rétracte.
Tony & Nanette – Attends-moi je reviens (Canusa; 1967)
Reprise de Hold on I’m coming de Sam & Dave, extraite du 4e album éponyme du chanteur, Tony en 3 dimensions.
André Robert & Tony Roman – Les plus belles filles viennent de l’Est (Toute la ville en parle; 1968)
Tony Roman – Bébé viens que j’t’aime (Extra; 1973)
Angelo Finaldi, Richard Tate et Pierre Harel signent ce rock décapant pour Roman; il retournera la faveur en produisant leurs propres simples.
Madeleine Chatrand – J’ai du bon tabac (Extra; 1973)
Un véritable mur de son, pesant et psychédélique! La production… et les crédits de composition (!) sont attribués à Roman. Il s’agit en fait d’une comptine pour enfant du 17e siècle d’un compositeur anonyme qu’il a habilement actualisé pour sa nouvelle protégée. Ce 45 tours fut compilé sur Freak-Out Total Vol. 33 (Disques Mucho Gusto). Roman n’oublierait pas le succès qu’il avait eu avec Chatrand, jusqu’à inclure son tube Ani Kuni sur la B.O. de Camping Sauvage peu avant son décès.
Georges Thurston – Mon amour (Visa; 1971)
3e simple en solo pour le jeune chanteur/guitariste et nouveau membre du 25e Régiment qu’il pousse dans une direction définitivement plus rock, moins fantaisiste qu’à leurs débuts. Roman semble prendre le contrôle temporairement de l’étiquette Visa au tournant des années 70 (noire), anciennement gérée par Ronald Grenier (rouge). C’est d’ailleurs sur cette étiquette qu’on retrace quelques rares adaptations en français de chansons du second album du groupe de Thurston, Ecology. On y reviendra…
Tony Roman – Blow (Inédit; Montreco; 1976-77)
Composition de la compagne de Roman à l’époque, Anna Dupuis. Cette première version, avec sa prose débauchée, est plus lente et glauque que celle qu’en fera Vanity à la même époque.
Vanity – Blow (Inédit; Montreco; 1977?)
L’ontarienne Denise Katrina Matthews fait du mannequinat entre Toronto et Montréal, alors qu’elle est remarquée par Roman (probablement par l’entremise de sa compagne de l’époque, aussi mannequin). Blow pourrait bien être le premier enregistrement de cette chanteuse qui connaitrait bientôt un immense succès en se rebaptisant Vanity à la suggestion du chanteur Prince qui se reconnaissait en elle. Elle se joindrait au groupe Vanity 6 au début des années 80 avant de faire carrière en solo.
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