Un rock plus musclé s’impose progressivement sur le Québec de la fin des années 60. Avec l’émergence populaire de l’underground, les artistes d’ici absorbent les influences américaines et britanniques du rock (Led Zeppelin, Spooky Tooth, Grand Funk, Alice Cooper, Black Sabbath) et du blues (John Mayall, Paul Butterfield, Jeff Beck, Joplin). Ce n’était pas encore donné à tous de pouvoir joualiser efficacement son rock comme l’avait fait Charlebois. Ainsi, la plupart des artistes francophones émuleront leurs idoles en choisissant de chanter en anglais. La presse de l’époque, plus particulièrement le magazine Mainmise et l’hebdomadaire Pop Jeunesse, mettront de l’avant ce nouveau son, le son de l’underground (faute de meilleure description à l’époque), pour une jeunesse assoiffée de décibels. Signe des temps, l’Agence PG (Pierre Gravel) de Granby, une des plus importante de la vague yéyé/garage, eut tôt fait de se réinventer en moussant la carrière d’une foule de groupes hardrock québécois au tournant de 1970. Fracas assuré! Revenons donc aujourd’hui sur la première vague hardrock québécoise. Bonne écoute!
1- Les Sound Track – STP #1 (Disco-Bel-Air; 1969)
Comme en témoigne cet extrait de leur second et dernier simple, ce power trio, dont les membres étaient âgés entre 16 et 18 ans, était en admiration devant le son ravageur de Jimi Hendrix! Originaire de Trois-Rivière, le groupe était composé de Daniel Hubert (guitare), Pat Nermath (batterie) et Roger Hubert (basse).
2- Max – Run, run (Trans-World; 1970)
Groupe montréalais méconnu qui, depuis notre diffusion originale, fut redécouvert par le biais d’une entrevue avec son guitariste sur le blogue Patrimoine PQ. C’était bien sur Trans-World et non Trans-Canada comme le mentionnait Sébastien en ondes!
3- Connexion – Faut pas lâcher (RCA; 1975)
Une des pochettes les plus hideuses de cette scène enveloppe un des disques les plus consistant de l’époque! Connexion rockait admirablement bien en français et n’offrait que des compositions. Le groupe comptait sur les talents de Richard Vézina (guitare), Emedio «Peanut» Verillo (guitare et chant), Michel Barbier (basse) et Salvatore «Toto» Sciortino (percussions). Chaudement recommandé!
4- Wizard – A familiar story (Apex; 1970)
Power trio montréalais (1970-1972) réunissant George Bowser (guitare), Mike Driscoll (batterie), Harry Marks (basse). Ce dernier travaillait pour le compte de la télévision CBC à Montréal, à l’émission Crackers, et forma Wizard lorsque l’émission fut retirée des ondes. Il fera carrière solo par la suite, alors que Bowser rejoindra Rick Blue pour le duo d’humoristes/satiristes Bowser & Blue. Le groupe fera même une tournée des Maritimes en compagnie des Séguins au printemps 1972!
*Mise à jour du 22 février 2012 : l’ex-Spaceshit/Chains Alex Fascination nous informe que le “bassiste de Wizard est nul autre que le père de Danny Marks (batteur des légendaires Spaceshits et Sexareenos).” Merci de cette info!
5- Sex – Not yet (Trans-Canada; 1970)
Blues-rock pesant, techniquement primitif et cru, avec Yves Rousseau (guitare), Serge Gratton (batterie) et Robert Trépannier (chant et basse). Pierre Ouellet s’ajoute au groupe pour leur second album, The end of my life. Lorsque sur scène, ils recrutent l’ex-organiste du 25e Régiment, Réjean Ruel. Leur deux albums furent combinés et réédités en bootleg par une étiquette européene. Légalement parlant, l’étiquette québécoise Prog Québec mériterait cette primeur à notre avis…
6- Guillotine – Hands of children (Ampex; 1971)
Soul Rock avec Carole Breval (chant), Paul Morin, Le Gros Pierre et six autres musiciens. Anciennement connu sous le nom The Market Place (1 simple sur Polydor). Relisez la brève entrevue de Morin sur le blogue Patrimoine PQ.
7- Lorri Zimmerman – ‘Cause the world is mine (Crescent Street; 1971)
Elle débute sa carrière sous le nom de Sweet Loraine au sein de la seconde mouture du groupe de Verdun The Munks avant d’aller rejoindre les montréalais Life. Plus tard, elle formerait un tiers du trio bilingue et disco Toulouse. En compagnie de Mari-Lou Gauthier (elle-même plus tard de Toulouse), elle ferait les choeurs sur l’unique album du groupe Emerald City. Redécouvrez la version française de cette chanson par la chanteuse Éloïse dans notre émission du 3 août 2011!
8- Blind Ravage – Tousaw (Crescent Street; 1971)
Deux anciens membres du groupe Les Furys, Serge Fleury (orgue, piano) et Bob Dufour (basse, chant), rejoignent Jean Charbonneau (guitare) et André Deguire (batterie) pour former Blind Ravage, à Laval en septembre 1969. Le groupe tournera au Québec, en Ontario ainsi que sur la Côte Est des États-Unis. On a oublié de mentionner en ondes, mais avouez que les premières notes rappellent, non pas subtilement, Day tripper des Beatles…
9- Ellison – Unchanged world (Supreme; 1971)
Avec Robert Cayer (batterie), Vincent Marandola (chant et guitare), Richard Arcand (basse) et Christian Tremblay (guitariste en remplacement de…). L’étiquette Suprême était une brève sous-division de Trans-World, fondée pour exploiter ce « nouveau son underground ». Marie-Claire et Richard Séguin font un bref caméo sur une pièce de leur unique album éponyme en tant que choristes.
10- Emerald City – Lonely Lady (Hippopotamus; 1975)
11- Laughter & Sorrow – Liberation pt. 2 (Pax; 1972)
Quatuor de Montréal avec le Robert Plant québécois René Ringuet (orgue et chant), Charles (guitare), Michel (basse) & Gerry (batterie). Une composition d’un certain J. Pankow. Le groupe projetait d’enregistrer un autre simple pour le compte de l’étiquette Hippopotamus; nous ne l’avons malheureusement jamais retracé… Est-ce que ce second 45 tours s’est concrétisé?
12- Dyonisos – L’âge du chlore – extrait (Jupiter; 1970)
Des pionniers! Un des premiers groupes rock à la fin des années 60 à pouvoir se vanter de ne composer exclusivement qu’en français. Groupe de Valleyfield composé de Paul-André Thibert, Philippe Bech, André Mathieu, Éric Clément, Jean-Pierre Legault et Robert Lepage. Leur premier album, produit par Donald Lautrec, est publié en 1971. Si le disque sonne creux, c’est que ma copie a été écoutée amoureusement à répétition depuis le temps… Dédiée à l’ami Marc Lambert, freak de l’époque et fan d’origine du groupe!
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